DATE DE PUBLICATION 27/03/2024
Fondateur de France Active, Claude Alphandéry nous a quittés paisiblement, entouré de ses proches, le 25 mars dernier à 101 ans. Sa vie résonne avec la reconnaissance de l’ESS et le développement de notre mouvement d’entrepreneurs engagés.
Claude Alphandéry a posé les fondements de la finance solidaire. Il a réussi à convaincre les banques et les investisseurs qu’une autre économie est possible. Une économie issue des territoires, portée par les citoyens, intégrant les enjeux sociaux et écologiques. Claude Alphandéry a réussi à initier de nouveaux modèles économiques qui placent l’utilité sociale au cœur des premiers attendus et qui remettent la rentabilité financière à sa juste place.
Pour Pierre-René Lemas, président de France Active : « Claude a su nous ouvrir les yeux sur la multitude d’initiatives solidaires que portent nos territoires. Il nous a convaincu que toutes ces réussites pouvaient contribuer à transformer notre société, à nous engager dans une transition véritablement juste et durable. Continuer à agir contre la fatalité, se battre pour l’inclusion, construire une société à la fois solidaire et écologique, c’est le meilleur hommage que nous puissions lui rendre. »
Claude Alphandéry : le visionnaire de l’Économie Sociale et Solidaire
Eternel résistant, banquier pas comme les autres, économiste engagé et militant, Claude Alphandéry rassemble pour transformer la société. Devenu une figure incontournable de l’Economie sociale et solidaire, il continue sans relâche à mobiliser les femmes, les hommes, les idées et la finance au service d’une économie plus inclusive et plus durable.
Claude Alphandéry naît en 1922. Adolescent, il se passionne pour le Front Populaire et nourrit l’espoir d’une société meilleure. Quelques années plus tard, le drame de la seconde guerre mondiale et la défaite de la France le poussent à s’engager dans la résistance.
C’est le maquis qui lui offrira sa première expérience de solidarité et de co-construction d’un projet politique. Témoin de sa capacité remarquable à faire dialoguer et fédérer, Jean-Moulin lui confie, alors qu’il n’a que 20 ans, la tête du Comité départemental de libération de la Drôme. Il y joue un rôle déterminant dans la construction du programme du Conseil National de la Résistance.
Après la guerre, il poursuit son exploration des systèmes de pensée et de gouvernement. Il part en URSS en tant qu’attaché à l’ambassade de France à Moscou avant de revenir en France pour étudier à l’ENA au moment de sa création et de repartir pour les Etats-Unis en tant que conseiller économique à l’ONU. Son esprit y sera marqué par la découverte d’une société de consommation entièrement consacrée aux profits des entreprises.
A son retour en France, fidèle à ses convictions fortement ancrées à gauche, Claude Alphandéry devient un « banquier pas comme les autres ». Engagé en faveur de l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens et contre la financiarisation du monde, il lutte contre la course aux profits démesurés et ses conséquences sociales et environnementales.
Convaincu qu’il ne peut y avoir d’économie que sociale, il rejoint la Caisse des dépôts à la fin des années 1980 puis fonde France Active en 1988. Depuis plus de 30 ans, l’association permet aux plus fragiles d’entreprendre et aux structures de l’insertion de développer leur activité. Claude Alphandéry a ainsi assisté et contribué à la naissance et au développement de milliers d’initiatives solidaires.
Président du Conseil national de l’insertion par l’activité économique, il crée également en 2010 le Labo de l’ESS pour promouvoir l’Economie sociale et solidaire au niveau national et européen.
A l’occasion de ses 100 ans en 2022, il continue à s’indigner contre l’injustice et nous invite à aller plus loin dans l’innovation sociale pour explorer de nouvelles richesses, de nouvelles formes de production et de consommation mais aussi de nouvelles manières de décider et de faire mouvement, collectivement. Voir son appel sur le site France Active et relayé par l’Obs.
Plus récemment, il exprime dans un dernier texte toute la nécessité de lutter contre toutes les formes de barbarie.