Les saveurs de la culture hors-sol
Saint-Martin-de-Seignanx (40)
Culture hors-sol
L’intérêt de Lucille Bonnet pour les plantes aromatiques rares plonge ses racines dans ses études de paysagiste. Amenée à voyager, elle remplit ses valises de graines venues des quatre coins du monde. Son désir de les cultiver se heurte toutefois à un problème pratique : le logement estudiantin dans lequel elle vit, à Marseille, ne comporte ni balcon ni terrasse. Elle met alors ses plantes dans le principal élément à disposition, l’eau – « pour voir ce qu’il se passe » – et obtient immédiatement d’excellents résultats. Lucille sent qu’elle tient quelque chose mais ce n’est qu’une fois arrivée sur le marché du travail qu’elle réalise qu’il va falloir se lancer : le métier qu’elle souhaite faire n’existe pas, il est à créer. L’autre Campagne est sur le point de naître. Elle allie deux technologies innovantes – l’hydroponie et l’aquaponie -, pour cultiver, hors-sol et en circuit fermé, des plantes comestibles originales et sauvages.
La prescription bancaire
Orientée vers Aquitaine Active par sa banque, la future chef d’exploitation bénéficie du Fonds de garantie à l’initiative des femmes (FGIF), unique dispositif national dédié aux femmes entrepreneures, et d’un prêt Nacre.
« Le soutien de France Active ? C’était ce qui me manquait pour débloquer la situation entre les banques et les organismes publics qui attendaient chacun que l’autre fasse le premier pas. Ça a rassuré tout le monde que je m’investisse personnellement et financièrement » analyse Lucille.
Les fonds ainsi obtenus lui permettent de se lancer dans les travaux tout en se constituant une trésorerie suffisante pour démarrer son activité. Chargé de mission à Aquitaine Active, Frantxoa Hidondo se dit « fier d’avoir contribué à la création d’un projet aussi innovant et engagé, porté par une jeune femme doté de grandes qualités entrepreneuriales ».
Un engagement qui porte ses fruits
Implantée dans les Landes, la ferme compte une serre de 625m2 dédiée à la production de plantes aromatiques rares et sauvages cultivées dans des systèmes hyroponiques et aquaponiques. Bien qu’il lui soit impossible d’obtenir le label bio – qui ne s’applique pas aux cultures hors-sol – Lucille respecte la charte de l’agriculture biologique à la lettre et exclut tout traitement phytosanitaire. Soucieuse d’éviter que les chenilles ne s’attaquent à ses récoltes, elle a conclu un partenariat avec la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) afin que des spécimens insectivores soient installés dans sa serre. Même la nourriture de ses poissons, constituée de plantes aquatiques et d’insectes, est faite maison.
Les premières plantes aromatiques ont été vendues en juillet 2016 et, forte de ses premiers résultats, Lucille envisage de se verser un salaire prochainement. Sa clientèle est constituée principalement de grands chefs de cuisine de la région, avides de mettre de nouvelles saveurs dans les assiettes de leurs restaurants.